Histoire du soldat : Qui trop embrasse mal étreint

Publié le 17 juin 2025 à 08h00| Par Catherine Robert | Rubrique : Théâtres | Image © Karelle Prugnaud

Direction musicale d’Alizé Lehon, mise en scène de Karelle Prugnaud : le Châtelet présente Histoire du soldat, de Ramuz et Stravinsky, opéra de poche circassien sur la guerre, l’amour et la mort.

Le soldat Joseph revient de guerre avec son violon, tout heureux de retrouver sa mère et sa fiancée. Surgit alors un curieux bonhomme qui lui propose de troquer son instrument contre un livre magique qui prédit l’avenir et assure la richesse. Mais c’est le Diable qui se cache sous les traits du vieillard généreux : le naïf fantabosse va tout perdre en espérant tout gagner. Il perd celles qu’il aime, il perd son temps, dont le Diable accélère l’écoulement, il perd aux cartes en croyant duper le Malin et il perd la princesse qu’il croyait pouvoir sauver.

Magie des arts mêlés

Opéra sans chant et mimodrame, cette œuvre protéiforme, révolutionnaire et atypique, explore tous les domaines du spectacle vivant : l’histoire est lue, jouée, mimée et dansée. Histoire du soldat est une pièce de théâtre de tréteaux qui, au départ, mêle un petit orchestre de foire (sept instruments), des récitants (le Lecteur, le Soldat et le Diable) et un ou deux danseurs. Elle est, comme le disait Ramuz, « quelque chose comme une lanterne magique animée ». Vladislav Galard, Xavier Guelfi, Alexandra Poupin, Nikolaus Holz, Chiara Bagni, Samanta Fois, Quentin Signori sont au jeu ; Clara Mesplé, Chloé Paté, Eugénie Loiseau, Arthur Escriva, Robinson Julien-Laferrière, Orane Pellon et Pierre Tomassi à la musique.

Éloge du bonheur simple

Ce chef-d’œuvre miniature, inspiré d’un vieux conte russe, offre toujours aux artistes qui s’en emparent l’occasion de faire pétiller leurs talents. Karelle Prugnaud fait le pari « d’amener avec le cirque un élément épique. Une distanciation presque brechtienne. Superposer le présent intense et spectaculaire du cirque au passé lointain du conte de fée russe ». « Cette réinterprétation de Histoire du soldat aspire à questionner nos perceptions du désir, de la condition humaine et de la guerre qui, pour beaucoup d’entre nous, n’est qu'une abstraction derrière un écran. », dit la metteuse en scène, souhaitant revenir « à l’essence même de cette œuvre qui défie les conventions traditionnelles de l'opéra ».