[critique] C'est comme ça : Aujourd'hui, maman est morte… ou presque !

© François Fonty

Excellente comédie à la Pépinière ! Assurance garantie de finir l’année dans la bonne humeur ! Une pièce drôle et tendre de Marc Arnaud, servie par des comédiens pétillants et virtuoses ! Bravo !

La femme de Mathias doit accoucher jeudi : craintes et tremblements, angoisse et séances de relaxation avant l’heureux événement. Mais, entorse à la sérénité du planning : Gisèle, la mère de Mathias, a choisi de l’enquiquiner jusqu’au bout. Elle vient de mourir ; il va falloir l’enterrer jeudi, puisque l’agenda du curé n’offre pas d’autre créneau. C’est comme ça, mais c’est peu dire que ça n’arrange pas Mathias, qui doit jongler entre piété filiale et dévouement marital. Avec, cerise sur le gâteau, le fantôme de Gisèle qui ne se résigne pas à déblayer le terrain pour rejoindre l’au-delà…

Pléiade de talents

Marc Arnaud a écrit un texte drôle et enlevé, où les saillies fusent avec entrain. Les comédiens s’en emparent avec un talent affuté. Grégory Montel campe avec une belle humanité un Mathias touchant et hilarant ; Florence Muller est magnifiquement troublante en mère toxique qui souffre de n’avoir pas vécu plutôt que de mourir ; Edgar Givry est excellent en égoïste soulagé de devenir veuf, Manon Kneusé est épatante en pièce rapportée qui s’escrime à sauver la gentillesse au milieu des assauts, et tordante en stagiaire du funérarium ; Benjamin Guillard est aussi désopilant en curé survolté qu’en ange tabellion ; Eléonore Joncquez est génialement comique en frangine insupportable et en employée de mairie délirante.

L’humour, politesse du désespoir

La mise en scène tire parti des contraintes spatiales du théâtre de la Pépinière : le cercueil de Gisèle devient, en un tournemain, la table du salon, autour de laquelle la rédaction du discours d’adieu à la mère est à pleurer de rire ! Le texte flirte avec l’humour noir sans jamais sombrer dans le cynisme ou le sarcasme : il réussit à faire sourire des contradictions et des détresses humaines avec délicatesse, et ausculte avec finesse la perte, le deuil, les regrets et les remords. Sans ironie, qui est un luxe inutile, mais avec humour, suprême élégance, Marc Arnaud et les siens réussissent un très joli spectacle !

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