La Claque [critique] : Hourra, bravo, vivat, bis !

Fred Radix a écrit et mis en scène un délicieux spectacle, qu’il interprète avec Alice Noureux et Guillaume Collignon. Une amusante histoire de la claque, un bel hommage au théâtre : un excellent moment de jubilation participative !
Le claqueur « égaye et rend vivantes les représentations, qui, sans lui, seraient mornes et froides ; il est la mèche du fouet qui fait bondir l'acteur et le précipite au succès » écrivait Théophile Gautier. Fred Radix situe l’intrigue de sa pièce en 1895 (l’année où l’Odéon abolit cette pratique), dans un théâtre parisien, où officie Auguste Levasseur, chef de claque. A deux heures d’une grande première, Levasseur est aux cent coups : il vient d’être abandonné par ses applaudisseurs apostés ! Il charge donc Dugommier, le régisseur, et Fauvette, musicienne de l’orchestre, de trouver des remplaçants pour recomposer cette « puante escouade », comme la nommait Balzac.
Connivence hilare
Amusante mise en abyme : le public venu découvrir les trois compères se retrouve illico intégré au spectacle, jouant les apprentis « commissaires », « rieurs », « pleureurs » et « chatouilleurs », auxquels Dugommier et Levasseur apprennent à user du battoir et du sifflet, des vivats et des bis. A notre époque où le calme est requis dans les salles – comme le rappellent les injonctions inaugurales à la fermeture des clapets téléphoniques – on reste d’abord un peu éberlué. Mais la fougue et l’infinie drôlerie des comédiens gagnent rapidement les spectateurs, devenus claqueurs impénitents (et parfois insolents !) en un tournemain. L’ambiance est bon enfant ; la participation est franche et joyeuse.
Enthousiasme sincère
Fred Radix, Alice Noureux et Guillaume Collignon se lancent alors dans la répétition du spectacle à encenser, sorte d’odyssée rocambolesque en cinq actes et trente changements de décors. Sur fond d’amours héroïques, naissent celles du chef de claque et de la musicienne, entre crises de jalousie et ardeurs glorieuses du régisseur se rêvant histrion. Contrairement à l’époque des cabales et des cliques où le public était manœuvré par la claque, celui de Fred Radix et des siens rit et applaudit sans qu’on l’y force ! Bravo !
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