Les conférences spectaculaires d’Hortense Belhôte : manuel d’histoire punk

Le Théâtre de l’Atelier accueille la truculente et savante Hortense Belhôte avec Portraits de famille et 1664. Deux odyssées pop et décalées, zythologiques et iconoclastes, savoureuses et drôles.
« Les conférences spectaculaires sont à mi-chemin entre cours et spectacle. Je suis seule sur scène avec un vidéoprojecteur, de la musique, quelques costumes et beaucoup de mots, pour un parcours dans l’Histoire et l’histoire de l’art, la pop culture et nos héritages, avec une touche autobiographique pour la trame émotionnelle. Je fais résonner toutes ces strates pour que chacun s’y retrouve, entrant dans le savoir par une nécessité intérieure qui le justifie. J’essaie aussi de dévoiler les chemins sinueux, inattendus et parfois absurdes qui mènent à la connaissance, comme un striptease universitaire ou une initiation à la recherche punk !
Leçon de joie
Puisque le travail historique et critique requiert de la distance, il y a aussi beaucoup de dérision et d’ironie. L’humour interroge, décadre, et permet de faire l’archéologie de nos représentations et de nos imaginaires en sortant des attendus. J’ouvre des champs ; je pose plus de questions que je n’apporte de réponses ; je suis rigoureuse sans asséner ni pontifier. C’est presque un cours de méthode : mon but est qu’on prenne du plaisir pour avoir envie de savoir, qu’on ait envie d’apprendre comme on a envie de faire l’amour, comme disait Michel Foucault.
Cure de désintox
Les Noirs, les femmes émancipées et les queers de la Révolution française sont présents dans les bibliothèques mais exclus de la panthéonisation. On croit que ces minorités sont apparues dans les années 60. On les trouve pourtant le 14 juillet 1789, à la fondation de l’identité française. Portraits de famille les replace dans notre arbre généalogique.1664 interroge le basculement vers l’absolutisme du règne de Louis XIV : manière d’écorner l’image du soleil et d’interroger la question de la mémoire autour de cette année où l’on passe de la fête libertaire et joyeuse à la gueule de bois de la tyrannie. J’y évoque aussi mes années universitaires et d’addiction : une petite entreprise de désintox, en somme ! »
Propos recueillis par Catherine Robert
Hortense Belhôte au Théâtre de l'Atelier :
- Portraits de famille, les oublié.es de la Révolution française du 30 avril au 18 juin 2025
- 1664 du 29 avril au 17 juin 2025
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