Après l'océan

Partis tenter leur chance en Europe, Shad et Otho rêvent de rentrer chez eux pleins de gloire et d’argent. En Espagne, ces deux amis originaires d’Abidjan tentent tant bien que mal de se construire une situation, s’interrogeant sur les raisons de leur voyage et sur les moyens qu’ils doivent mettre en œuvre pour atteindre leurs objectifs. Lors d’une intervention policière musclée, Otho est arrêté et reconduit à la frontière… Reçu parmi les siens comme un véritable perdant, il reste néanmoins critique vis-à-vis du système dans lequel il vit, réfléchissant à son expérience personnelle et aux leçons qu’il a pu en tirer. De l’autre côté de « l’océan », Shad essaye de relever le défi, pour pouvoir enfin revenir en vainqueur : enchaînant capitale sur capitale, mauvais boulot sur mauvais boulot, il finira par réussir… mais à quel prix ?

Présenté aux festivals de Berlin, de San Sebastian et d’Edimbourg, Après l’océan met en scène un problème le plus souvent envisagé de manière unilatérale, du simple côté du continent européen… Notamment dans la production cinématographique, force est de constater qu’on tente rarement de comprendre en quoi les migrations clandestines participent aussi à une mythologie africaine. En problématisant les expectatives et les exigences de ceux qui restent en Afrique, le long métrage d’Eliane de Latour nous livre une vision d’ensemble de ces phénomènes migratoires. Le scénario plein de rebondissements et la jovialité des acteurs (on pense notamment au langage très « international » de Fraser James) témoignent par ailleurs d’une ouverture d’esprit que seule la symbologie du film (souvent très classique) vient entacher.