Le Convoi de la peur

Sorti en 1977, Le Convoi de la peur est l'adaptation du roman de Georges Arnaud (Le Salaire de la peur dont on connait surtout en France le film réalisé par Henri-Georges Clouzot en 1953) par William Friedkin, disparu en août dernier et auteur entre autres de L'Exorciste et de French Connection.
La vision de Friedkin est plus violente et s'inscrit dans un contexte géopolitique plus vaste : à côté des affaires de truands et de magouilles financières et bancaires, la question de la traque des anciens officiers SS et les attentats des terroristes arabes est posée au travers de deux personnages. Dès lors, la dimension de la relation sadomasochiste qui existait entre Vanel et Ventura chez Clouzot est abandonnée au profit de l'action absolument spectaculaire (la traversée d'un pont et le dynamitage d'un arbre comme deux moments absolus d'anthologie) et de la peinture sans fard de ce coin d'Amérique du Sud convoité par les exploitants pétroliers, repaire dantesque et cauchemardesque de ceux qui ont dû fuir les autorités policières de leur pays.
On sait ainsi gré à Friedkin de réserver une large part de Sorcerer à la mise en place (de Vera Cruz à Jérusalem en passant par Paris et les Etats-Unis). Cela ne fait qu'accroître l'attente, le début de ce convoyage explosif.
Au bout d'un presque demi-siècle, le film n'a pas pris une ride et semble même être annonciateur de tous les dérèglements à venir et d'une lucidité sans jugements de la cupidité et de la férocité des hommes.

Assez différent du "Salaire de la peur", mérite d'être vu, quelques scènes mémorables.