Le Dernier repas

Dans les banlieues délaissées de Séoul vivent cinq personnages en marge de la société. Sans intrigue et sans dialogues, leurs univers est celui du petit combat quotidien : un jeune gigolo se bat contre le sida, une mère qui a perdu son fils cherche son âme égarée, un multirécidiviste accro aux jeux essaye de retrouver ses parents, une grand-mère vend ses légumes, une jeune fille cybernaute se prostitue pour se payer une chirurgie esthétique. Narrativement indépendants, ces personnages finiront par se retrouver dans un dernier repas familial, avant leur départ définitif vers une autre réalité…

Présenté au festival de Sundance, ce long-métrage atypique s’organise comme une suite de tableaux épais et granuleux, de laquelle se dégage une immobilité mordante et sans espoir : fantaisiste, l’intrigue ne sert que d’arrière-plan à un entassement d’images et de sanglots. Très critique vis-à-vis des chemins empruntés par l’humanité, ce metteur en scène au parcours singulier (d’abord courtier en bourse, il fait à 29 ans une volte-face vers le cinéma) nous livre dans son Dernier repas un film profond et angoissant, qui nous laisse difficilement dans l’indifférence…