[critique] L'amour, c'est surcoté : L'humour comme pansement

© StudioCanal

Auteur de deux romans remarqués, Mourad Winter fait ses débuts de metteur en scène avec ce film aussi vif et drôle que grave et touchant.

Adaptant ici son premier livre (paru en 2021), Winter fait mouche tant dans le propos que dans la forme. Une réussite qui doit également beaucoup au duo formé par Hakim Jemili et Laura Felpin, dont l’alchimie éclatante illumine le long-métrage.

Anis, 30 ans, ne croit pas au couple. Être amoureux, ce n’est pas pour lui. Et ça, il n’en démordra pas. Sauf que. Elle s’appelle Madeleine, travaille au vestiaire d’une boîte de nuit, et n’a pas son pareil pour vous atomiser en deux mots bien sentis. Plus jeune, plus riche, plus entreprenante qu’Anis, elle intimide le jeune homme et le bouscule dans ses certitudes. L’humour - plutôt vache - les rapproche autant qu’il les isole l’un de l’autre. Cette ironie permanente, qui fait aussi son charme, est ce qu’Anis a trouvé de mieux pour cacher ce qui le hante : la mort de son meilleur ami il y a trois ans.

Aussi cette comédie romantique est-elle d’abord une comédie dramatique, traitant, au fond, de sujets on ne peut plus sérieux. La façon dont le film les aborde, avec tact et finesse, est aussi pertinente qu’émouvante. Quelques flash-backs nous montrent cette bande de gamins faisant les 400 coups dans leur cité. Vingt ans après, l’un d’eux manque à l’appel. Comment ces garçons, peu causants s’agissant de leurs sentiments, gèrent-ils ce deuil ? Voilà l’une des grandes questions du film.

Des personnages drôles et attachants dans une histoire pas si légère

N’oublions pas l’exceptionnelle distribution dont le long-métrage bénéficie. Outre le couple Jemili/Felpin, d’une immédiate évidence, on se régale des scènes avec l’excellent Benjamin Tranié, ici dans un personnage à l’humour plus que limite, de la grande séquence avec un François Damiens gênant à souhait, de Steve Tientcheu en « cassos » patibulaire, et de tant d’autres. En ne négligeant jamais le fond de son histoire et les enjeux complexes qui animent ses personnages, Mourad Winter parvient à faire franchement rire tout en racontant quelque chose de profond, qui sonne juste, sur l’évolution de la masculinité, des rapports entre hommes et femmes, et sur l’espoir que constitue notre capacité à nous remettre en question.

L'amour, c'est surcoté, sortie dans les salles le 23 avril 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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