[critique] Ma version de l'histoire : Une vérité toute relative

© Émilie Brouchon

Au Théâtre Michel, Sébastien Azzopardi dissèque, sur scène et à l’écriture, les incompréhensions dans le couple. Un spectacle visuellement réussi, réjouissant et juste.

« Nous sommes devenus des collègues ». Voilà le constat triste et amer de Valentine (Miren Pradier), mariée depuis vingt ans avec Sam (Sébastien Azzopardi). Une révélation qui se fait dans un cabinet de psy où le duo entame une thérapie, histoire de sauver ce qui peut l’être. C’est le point de départ de Ma version de l’Hhstoire, nouvelle création de Sébastien Azzopardi qui fait cette fois cavalier seul à l’écriture, sans son comparse Sacha Danino (Le Tour du monde en 80 jours, La Dame Blanche). Après L’Embarras du choix, pièce interactive nommée aux Molières de la meilleure comédie en 2022, il revient avec cette partition alerte sur le manque de communication dans le couple. Et pour raconter tout cela, il a choisi un procédé plutôt malin.

Le public à témoin

Prenant le psychanalyste à témoin (ou le public ?, interactivité toujours…), Sam et Valentine rejouent les grands moments de leur histoire d’amour. Évidemment, ils n’ont pas la même vision des faits. Chacun donne sa version des mêmes évènements et c’est l’occasion de tirer la couverture à soi, de se donner le beau rôle. Heureusement, on évite le déballage vaudevillesque lourdaud pour un retour en arrière / bilan assez subtil. Mais Valentine, aujourd’hui senior au chômage, a-t-elle vraiment sacrifié sa carrière pour son mari ? Sam a-t-il réellement trompé sa femme ? L’intrigue maintient le suspense et le flou, entre fantasme et réalité, avec pas mal d’efficacité.

Des souvenirs partagés

LA bonne idée - pour le rythme notamment - c’est quand l’un interrompt l’autre lorsque le déroulement du « souvenir » ne lui convient pas. Pour la dose d’humour et le recul, on fait parler les protagonistes – commentateurs (Deborah Leclercq et Alexandre Nicot) de ces fameux passages clés. Cette crise existentielle se déroule dans un ingénieux décor de panneaux blancs, signé Juliette Azzopardi, secondée par Arnaud de Segonzac et habillé des belles vidéos de Nathalie Cabrol, assistée de Jérémy Secco. Autant d’atouts pour cette mise au point conjugale drôle, parfois moqueuse et finalement émouvante.

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