[critique] Mission Florimont : Le retour d’une comédie culte

© Émilie Brouchon

Le délire chevaleresque de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, créé en 2009, fait son grand retour au Théâtre Gaîté Rive Gauche dans une version, certes revue et adaptée, mais toujours aussi drôle et foutraque. Une comédie menée tambour battant par cinq comédiens dopés à l’absurde.

François Ier n’a plus qu’un espoir pour sauver son royaume de l’emprise de Charles Quint : envoyer un chevalier incompétent nommé Florimont de la Courneuve sceller une alliance avec l’Empire ottoman… Mais ne comptez pas avoir une leçon d’histoire classique, c’est bien mal connaître le tandem Azzopardi / Danino qui a l’art de faire des étincelles scéniques (Le Tour du monde en 80 jours, L'Embarras du choix, Dernier coup de ciseaux…).

Un tourbillon d’anachronismes

De contrepèteries en chansons absurdes, Mission Florimont traverse les siècles en roue libre, portée par une seule boussole : le rire. Le scénario de cape et d’épée dérape rapidement en parodie épique, où les vers de Ronsard s’acoquinent avec du verlant et des tubes de variété, où les conflits se règlent à coups de punchlines et de combats ridicules dignes d’un OSS 117 en collants.

Le comique repose sur un savant dosage de non-sens à la Monty Python, d’esprit de troupe à la Splendid et de théâtre de tréteaux sans filet. On y croise une princesse baptisée Margot de Roissy Charles de Gaulle, la tête et la croupe d’un cheval en polystyrène, un pape ultra stylé, un grand vizir adepte de cocktails et même Soliman le Magnifique ! Les costumes de Jackie Tadeoni, volontairement outranciers, prolongent le décalage avec humour, tandis que vidéos, lumières et effets maison viennent donner à ce chaos maîtrisé les atours d’un feu d’artifice scénique.

Une troupe survoltée

Benoît Cauden (Molière de la révélation masculine dans Les Producteurs) campe un Florimont (en alternance avec Pierre Marazin) aussi ridicule qu’attachant, tour à tour benêt, charmeur ou paniqué, mais toujours juste. À ses côtés, Déborah Leclercq (en alternance avec Camille Favre-Bulle) excelle en princesse aussi glam que revêche. Mais c’est peut-être Pascal Buil (en alternance avec Erwan Creignou) qui décroche la palme du burlesque : à peine entre-t-il en scène, l’hilarité est immédiate. Sébastien Azzopardi (en alternance avec Pierre Khorsand) et Matthieu Burnel complètent le casting et sont absolument poilants dans la scène de la prison, où ils incarnent deux « figurants russes »... Un joyeux sabotage historique, orchestré avec autant de liberté que de maîtrise.

Mission Florimont au Théâtre Gaîté Rive Gauche : réservez vos places avec L'Officiel des spectacles

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