La Délicatesse [critique] : Théâtre à cœur ouvert

Thierry Surace adapte et met en scène le best-seller de David Foenkinos. D’excellents comédiens pour une romance qui ravira les amateurs de belles histoires, où l’amour finit par triompher du malheur.
Tous les ingrédients de la comédie romanesque sont réunis pour faire de La Délicatesse un sommet du genre. Nathalie est jeune et jolie. François est beau et sympathique. Ils filent le parfait amour. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, jusqu’à ce que le drame vienne figer les deux amants, l’un dans la mort, l’autre dans le deuil. On s’inquiète pour Nathalie, on la courtise un peu, on la plaint beaucoup et l’on se demande qui saura rendre à nouveau la veuve joyeuse. Contre toute attente, le vainqueur est Markus, l’insignifiant adorable : aux innocents les mains pleines !
Gentillesse conquérante
Jean Franco, Sélène Assaf ou Clara Joly et Jérôme Schoof interprètent avec un solide talent tous les rôles de cette fable, qui signe la victoire des bons sentiments, des gestes délicats et de l’amour désintéressé et sincère. L’adaptation de Thierry Surace est très adroite. L’histoire de Nathalie et des relations qu’elle entretient avec les différents hommes de sa vie est commentée par une sorte de majordome fantasque (excellent Jérôme Schoof), qui acidifie avec esprit la chanson douce des tourtereaux. Jean Franco est successivement François et Markus – et même le patron un peu trop entreprenant de Nathalie – suggérant que la hantise pulsionnelle est toujours affaire de répétition. Sélène Assaf et Clara Joly sont, en alternance, Nathalie, le glaçon joliment réchauffé par la grâce d’une rencontre improbable.
Amour vainqueur
La mise en scène est extrêmement fluide et permet aux comédiens, qui font assaut de drôlerie dans la manipulation des accessoires, de donner corps et vie à cette histoire d’amour sympathique, où le vilain petit canard se découvre à hauteur de cygne. Les méchants qui se sont crus irrésistibles sont punis, les commentateurs sarcastiques sont relégués dans leur fiel, et Nathalie et Markus prouvent que l’amour est le meilleur des viatiques pour traverser l’existence. Difficile de ne pas acquiescer ! Impossible de ne pas applaudir !
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