Le Jour du kiwi [critique] : L’enfer, c’est les autres !

Gérard et Arthur Jugnot jouent pour la première fois ensemble. Avec Florence Pernel et Elsa Rozenknop, ils interprètent l’histoire plaisante de Barnabé Leroux, aux prises avec un coucou amateur de kiwi…
Barnabé Leroux est un maniaque. Il sait précisément ce qu’il mange et ce qu’il boit. Le vendredi, il se régale d’un yaourt au kiwi, son préféré. Il peut mesurer le temps qui passe en fonction du nombre de Pim’s qui restent, une fois le paquet ouvert. Sa méticulosité et son sens aigu de l’organisation lui assurent une existence tranquille qui le met à l’abri de toutes les surprises. Lorsque remous il y a dans ce long fleuve tranquille, sa psychanalyste (qui le trouve un peu « relou », comme en témoignent ses lapsus), est là pour l’écouter. Mais patatras ! Voilà qu’un jour, le yaourt au kiwi a disparu. Qui a osé ?
Père et fils de la ville à la scène
Laetitia Colombani s’est inspiré d’un fait divers japonais : en 2008, un habitant de Fukuoka avait découvert qu’une femme squattait son placard à futons et mangeait ses réserves depuis un an. Eric Faye en a fait un roman que, hasard du calendrier, Olivier Cruveiller a adapté au Théâtre de l’Epée de bois en janvier. La crise actuelle et les aléas du mal-logement inspirent la scène ! Laetitia Colombani imagine une pièce drôle et tendre à partir de cette anecdote grave et grinçante. Elle offre à Gérard et Arthur Jugnot l’occasion de se retrouver sur scène : les deux comédiens jouent avec un bel abatage le père tranquille et le fils inquiet.
Yaourt rédempteur
Florence Pernel est délicieuse en psychanalyste submergée par la normalité exaspérante de son patient et Elsa Rozenknop est touchante en coucou philosophe. Ladislas Chollat signe une mise en scène enlevée, remarquablement soutenue par l’inventivité pleine d’humour des décors d’Emmanuelle Roy. On passe de la maison Leroux au cabinet d’analyse en un clin d’œil. Les comédiens vont gaillardement de scène en scène, faisant naître le rire et l’émotion face aux aventures ordinaires de l’extraordinaire Leroux, qui apprend à devenir un peu moins triste en se découvrant un peu moins seul. N’en déplaise à Barnabé, on peut aller savourer ce kiwi tous les soirs !
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