Le Mariage de Figaro au Lucernaire : La valeur n’attend pas le nombre des années !

Publié le 18 juillet 2023 à 08h37| Par Catherine Robert | Rubrique : Théâtres | Image © DR

Philippe Person adapte Le Mariage de Figaro pour la promotion 7 de l’école d’art dramatique du Lucernaire. Les jeunes talents pétillants s’acclimatent aux exigences de la scène pendant l’été.

S’il est quelque chose que l’on apprend à coup sûr en jouant, c’est bien de jouer, surtout devant un public ! L’école d’art dramatique du Lucernaire, née en 2015 sous la direction de Philippe Person, confie la scène du théâtre à ses élèves pendant tout l’été, afin qu’ils s’aguerrissent aux exigences de leur art. La promotion 7 s’empare du Mariage de Figaro que Philippe Person a ingénieusement adapté pour eux. Les trois premiers actes sont joués de manière classique, le quatrième est plaisamment résumé et le cinquième expose le dénouement qui signe le triomphe des femmes, de la fidélité et de l’amour.

Sincérité théâtrale

Florence Le Corre et Philippe Person dirigent les élèves en laissant la part belle à l’expression de leur personnalité. Le Figaro vibrionnant de Mateo Demurtas est très convaincant et offre une belle fraîcheur au célèbre valet beau parleur et grand trompeur. Le reste de la promotion joue tous les autres rôles en alternance. Lauris Audat, Urielle Bourdelle, Jade Brun, Emma Dechamp, Jules Gardiennet, Nicolas Hardouin, Maud Lamy, Marine Legros, Giulia Lisi, Era Malaj, Franck Melaga et Bastien Wasser interprètent allègrement le texte. Si quelques scories demeurent encore à la deuxième, il est évident que la multiplication des représentations purifiera l’envoi, et qu’à la fin, chacun touchera.

Lucidité politique

La mise en scène insiste sur la dimension politique et revendicatrice de la pièce, offrant – Beaumarchais le fait déjà – la meilleure part aux femmes, notamment dans le monologue où Marceline, juchée sur un escabeau, dénonce hardiment le patriarcat. Il est jubilatoire de voir des jeunes gens s’enflammer pour imposer la victoire des asservis sur les impudents qui se croient leurs maîtres par naissance. La relève politique ouvre la voie à la relève artistique, avec une promotion qui apprend à jouer en déjouant les artifices du théâtre social. Belle idée et féconde réussite !