Aime comme Marquise

Au Théâtre La Bruyère, Philippe Froget ressuscite la belle Marquise en une ingénieuse mise en abyme qui rend hommage au Grand Siècle et à ses phares théâtraux. Chloé Froget la dirige avec esprit et panache.

Voilà un siècle que Pierre Louÿs a jeté le doute sur le génie de Molière, suggérant que Corneille l’aurait choisi comme prête-nom pour ne pas se commettre officiellement avec la comédie. Depuis, Georges Forestier a fait taire les complotistes. Mais comme le soupçon est propice à la farce, Philippe Froget a imaginé que La Reynie, chef de la police royale, serait venu enquêter en 1668 à l’Hôtel de Bourgogne, pour interroger Thérèse du Parc, dite Marquise, du fait de ses accointances avec les deux dramaturges. La pièce s’ouvre sur les coulisses d’Andromaque, alors que Marquise s’apprête à entrer en scène.

À la recherche du temps perdu

Sur le devant de la scène, on découvre alors la vie tumultueuse de Thérèse, fille de bateleur, devenue sociétaire chez Molière par amour du théâtre, et Marquise du Parc par son mariage avec Gros-René. Chloé Froget l’interprète pendant qu’Aurélie Noblesse la campe devenue plus âgée, mieux aguerrie aux usages de la cour et du verbe, veuve d’Hector dans les bras de Racine alors qu’elle était tendron sans cervelle chez Molière. Xavier Girard et Christophe Charrier se partagent les rôles masculins de la distribution : on voit apparaître, comme sur les chromos d’antan, La Reynie, La Fontaine, d’Artagnan, Corneille, Racine, Gros-René et Louis XIV, gambadant de costumes en costumes.

Pastiches et mélanges

Philippe Froget a composé des alexandrins de mirliton amusants et volontairement anachroniques, où s’invite Georges Brassens et percent quelques souvenirs du répertoire classique. Si l’on parle en vers dans cette plaisante parodie, on y déclame aussi de la prose, souvent gaillarde, comme l’est le jeu des comédiens qui campent Corneille en vieux grison précieux et Louis XIV en dindon à diadème. De Pézenas à Rouen et des couloirs du Louvre aux jardins du Château de Vaux-le-Vicomte, on suit Marquise en ses conquêtes et La Reynie en son enquête, le tout mené tambour battant par quatre comédiens pétulants et enthousiastes.

Catherine Robert

Christophe Charrier : au théâtre, Christophe Charrier est à l'affiche de Addict 99 (mise en scène, interprétation - La Petite Croisée des Chemins) en 2023, Titanic (interprétation - Théâtre de la Renaissance) en 2022 ou encore Hamlet (Théâtre 14) en 2018.

Aurélie Noblesse : au théâtre, Aurélie Noblesse est à l'affiche de Les Femmes savantes (Théâtre de Ménilmontant) en 2017, Savantes ! (Théâtre de Ménilmontant) en 2017 ou encore Pour l'amour de Simone (Théâtre du Lucernaire) en 2017.

Xavier Girard : au théâtre, Xavier Girard est à l'affiche de Les Fleurs de macchabée (interprétation - Théâtre de Châtillon-Clamart) en 2023, Les Misérables (Théâtre du Lucernaire) en 2017 ou encore Foutue guerre (Théâtre Les Feux de la Rampe) en 2015.

Chloé Froget : au théâtre, Chloé Froget est à l'affiche de Dévorante (mise en scène - Théâtre des Mathurins) en 2024, Sur un air de tango (interprétation - Studio Hébertot) en 2022 ou encore Foutue guerre (Théâtre Les Feux de la Rampe) en 2015.

Philippe Froget : au théâtre, Philippe Froget est à l'affiche de Foutue guerre (Théâtre Les Feux de la Rampe) en 2015.