De la guerre

Bertrand (Mathieu Amalric) prépare un film. Lors des repérages, il se retrouve dans les locaux d’une entreprise de pompes funèbres. Afin de s’imprégner des lieux, il demande à passer la nuit seul sur place. Alors qu’il se couche par curiosité dans un cercueil capitonné, celui-ci se referme et il se retrouve prisonnier jusqu’au matin. Cette expérience, loin de le traumatiser, le trouble et l’obsède. Alors qu’il rôde près d’un cimetière, il fait la connaissance d’un curieux personnage (Guillaume Depardieu) qui se promène avec un mystérieux trousseau de clés qui semblent ouvrir toutes les portes… Bertrand se laisse entraîner dans une grande maison entourée d’un parc, dans laquelle vivent des sortes d’adeptes, dévoués à Uma, une envoûtante Italienne (Asia Argento) qui prône le plaisir absolu, permanent et à tout prix. D’abord réticent, Bertrand se laisse convaincre, bien décidé à se battre pour conquérir le droit au plaisir.

Bertand Bonello signe ici (après Tiresia, 2003) un film très personnel sur l’engagement de soi-même et la responsabilité dans la quête du bonheur. Le plaisir n’est pas donné, il se mérite, se gagne à la force du poignet. Il faut se battre constamment, être un guerrier de la vie et lutter par cette guerre contre l’immobilité qui mène à la dépression. On assiste au parcours initiatique de Bertrand (comme Bonello ?), tout d’abord obsédé par la mort — dont l’idée même lui procure une sorte de jouissance, qui va souffrir physiquement et donner de lui-même pour obtenir un état de zénitude absolue, au-delà de la rudesse du quotidien. Comme l’écrivait le philosophe Alain « Faire et non subir, tel est le fond de l’agréable ».