28 ans plus tard : Increvables morts-vivants

© Columbia Pictures

Vingt-deux ans après le premier volet, Danny Boyle et son co-scénariste Alex Garland refont équipe pour ce qui s'annonce comme une mise à jour, formelle et thématique, d'un jalon du film de zombies.

Osons une opinion impopulaire : ce qu'il y a de mieux chez Danny Boyle (Trainspotting), ne serait-ce pas Alex Garland ? Après avoir (plutôt mal) adapté le premier roman de celui-ci (La Plage), le cinéaste britannique avait fait appel à ses services de scénariste pour 28 jours plus tard, qui reste à ce jour, avec Sunshine (écrit par... Alex Garland), son œuvre la plus marquante. Un film de zombies sec et brutal, dans lequel son découpage nerveux et son emploi avant-gardiste de caméras DV restituaient avec brio l'urgence des situations.

Dans cette suite, l'auteur a, semble-t-il, dispositifs d'iPhones à l'appui, travaillé à réinventer sa mise en scène immersive. En s'appuyant une nouvelle fois, on le devine, sur l'efficacité sans faille et la richesse thématique des récits de Garland (qui au fil des années s'est révélé être un excellent cinéaste). Lesquels sont toujours, en effet, l'occasion d'interroger l'humanité des personnages, en ce qu'ils les confrontent tour à tour à l'intelligence artificielle (Ex Machina), à la foi et au déterminisme (la série Devs, son chef-d'œuvre), à un paysage politique hanté par le spectre de la guerre civile (Civil War)...

Boucler la boucle

En 2003, le zombie n'avait pas encore proliféré dans des films (Shaun of the Dead, REC...) et séries (The Walking Dead, par extension The Last of Us...) au point de devenir un emblème de la pop culture. Qu'attendre, donc, outre le talent de ses auteurs, de ce troisième volet tardif (après 28 semaines plus tard, réalisé par Juan Carlos Fresnadillo en 2007) ?

Dans les premiers temps des invasions qu'ils mettent en scène, les films de zombies questionnent – c'était le sujet des deux premiers films – la bravoure ou la lâcheté, l'égoïsme ou l'esprit collectif, l'abandon à la sauvagerie ou l'attachement à la civilisation, de chacun. Avec ce récit se déroulant près de trente ans après, Boyle et Garland devraient, à l'image des ultimes saisons de The Walking Dead, interroger plutôt la façon dont les survivants se sont constitués en sociétés, jusqu'à flirter, pourquoi pas, avec la fable politique ? Et faire de la franchise 28... un tour d'horizon d'une cohérence rare des questions inhérentes au genre. Comme avait su le faire en somme, au fil du temps, le génial George A. Romero (La Nuit des morts-vivants).

28 ans plus tard, sortie dans les salles le 18 juin 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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