[critique] Comme un lundi : Un remède contre l'aliénation du travail

© Arthouse

Une jeune publicitaire et ses collègues se retrouvent prisonniers d'une boucle temporelle. Sous ses airs de petit film, Comme un lundi crée la surprise : Ryo Takebayashi tire profit de sa structure narrative pour épingler habilement la vie de bureau et ses répercussions aliénantes.

Yoshikawa n'est plus épanouie dans son agence de publicité : la stimulation d'autrefois a cédé la place à l'épuisement et à la répétition des tâches. Alors qu'une importante présentation approche, deux collègues l'alertent discrètement : ils sont persuadés que l'équipe est prisonnière d'une boucle temporelle. D'abord sceptique, la publicitaire prend peu à peu conscience des itérations. Les salariés vont devoir s'unir pour trouver une solution...

Que se passerait-il si la comédie de bureau, façon The Office, rencontrait Un jour sans fin ? C'est exactement ce que Ryo Takebayashi expérimente avec Comme un lundi. À l'exception de rares scènes en extérieur, ce premier long-métrage de fiction se déroule dans une unité dramatique de lieu : un bureau, partagé entre un directeur exalté et son équipe désabusée. La boucle temporelle fixe quant à elle l'unité de temps : une semaine complète, au cours de laquelle les protagonistes vont devoir résoudre l'énigme, et bien plus encore...

Trouvant la juste durée, le réalisateur outrepasse rapidement le cadre de l'artifice. Tirant parti de la redondance spatio-temporelle, il signe une œuvre rythmée et maligne qui, sous ses airs légers, illustre métaphoriquement et substantiellement le monde du travail nippon.

Incarner le changement

Bien qu'il en saisisse habilement les symptômes (quotidien absurde, conditions aliénantes), Comme un lundi ne se contente pas d'épingler le culte de l'entreprise. Dans sa seconde partie, le récit pousse sa réflexion au-delà de la simple critique et s'intéresse plutôt aux sources de ce mal-être. Yoshikawa et les autres vont devoir faire face à leurs vérités personnelles : certains se refusent de poursuivre leurs rêves, tandis que d'autres se sont déjà résignés à mener une vie par défaut.

Non sans une once de poésie, ramenée ici au quotidien et à l'ordinaire, le film se transforme en une réflexion touchante sur le regret et la solidarité. Plutôt que de précipiter ses protagonistes vers l'abîme, Ryo Takebayashi joue la carte de l'optimisme. Redonner du sens à sa vie et à son travail, incarner le changement, ou tout simplement oser : l'engagement est assurément individuel, mais la réussite sera bel et bien collective.

Comme un lundi, sortie le 8 mai 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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