Superman : L'éternel retour du Kryptonien

Quarante-sept ans après un premier film couronné de succès, puis après des décennies d'errements, Superman trouve enfin un cinéaste à sa (dé)mesure.
Dans la gamme désormais pléthorique des super-héros de cinéma, Superman fut souvent une affaire de rendez-vous manqués. Le film de Richard Donner (1979), qui avait rendu célèbre Christopher Reeve, avait connu des suites d'un bonheur variable (un troisième opus aberrant, un quatrième parfaitement dévitalisé) et au succès décroissant. Après une fade tentative de relance de la franchise en 2006 (Superman Returns), l'univers développé dix ans durant par DC Comics (depuis Man of Steel en 2013), qui tentait là de faire de l'ombre à Marvel, avait plongé le Kryptonien dans les surenchères pompières de Zack Snyder. Il faut dire que l'écriture de cet emblème des comics se heurte à un écueil : comment se débrouiller du manque d'aspérités qui, en comparaison d'un personnage comme Batman (plus ambigu, et servi par des auteurs aussi singuliers que Tim Burton, Christopher Nolan ou Matt Reeves), guette Superman ?
James Gunn : le meilleur choix possible ?
Passé par la société de production Troma, spécialisée dans les séries Z au mauvais goût assumé, James Gunn a pu d'abord – à l'image d'un Sam Raimi ou d'un Peter Jackson – faire ses gammes en toute liberté. Chez lui, l'artisan impliqué n'a, depuis, pas pris le pas sur le sale gosse, le faiseur de blockbusters sur l'amateur de nanars, le conteur grand public sur le geek. Dans un contexte tendant à l'effacement des signatures, et faisant peser sur les récits la charge des univers partagés (ce qui se passe dans un film contraint ce qui se passe dans les autres), James Gunn a ainsi réalisé l'exploit de signer trois des plus beaux films du Marvel Cinematic Universe (Les Gardiens de la galaxie et ses suites). En déployant un imaginaire, un humour et une émotion des plus personnels, sans par ailleurs qu'en pâtissent, ni le cahier des charges, ni les finances, de la firme.
Plus admirable encore : suite à la bérézina artistique de Suicide Squad (David Ayer, 2016), Gunn passait en 2021 chez l'ennemi DC Comics pour signer The Suicide Squad, moins une suite qu'une salutaire remise des compteurs à zéro. Et prouver la résistance de son cinéma (c'est drôle, ça saigne, ça pense...) aux impératifs commerciaux. Soit le meilleur des gages pour ce Superman nouveau modèle - pour lequel Gunn, nommé en 2022 co-président de DC Studios, a disposé de toute latitude.
Superman, sortie le mercredi 9 juillet 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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