[critique] Sam fait plus rire : Rire ou pleurer, guérir le traumatisme

Sam, une jeune comédienne et fille au pair, souffre de troubles du stress post-traumatique... Porté par la captivante Rachel Sennott, le premier long-métrage d'Ally Pankiw trouve un équilibre inattendu entre la comédie et le drame.
« Sam » (Rachel Sennott, étoile montante du cinéma indépendant américain), est une artiste de stand-up comique. Souffrant de stress post-traumatique, elle ne fait plus rire et refuse de remonter sur scène. Lorsque Brooke, la jeune fille dont elle était la nounou, est portée disparue, Sam se retrouve en proie à un dilemme : partir à sa recherche, au risque de rouvrir les plaies encore infectées de son traumatisme, ou bien abandonner l'adolescente à son sort.
En grande partie voué au portrait de son anti-héroïne, le premier long-métrage d'Ally Pankiw déroute autant qu'il séduit par son arythmie. D'abord comique, le ton évolue vers quelque chose de plus dramatique, voire grave. Quant à l'écriture, les choses ne sont guère plus linéaires. La réalisatrice s'emploie à éclater la chronologie des faits : la narration et le montage alternent entre présent et passé. Dès lors, le spectateur est progressivement amené à découvrir la cause des troubles anxieux et dépressifs de Sam.
« Vous allez me demander ce que je portais ce jour-là ? »
Si ce geste tend à créer un faux-suspense (la révélation s'avère in fine prévisible), il s’avère heureusement anti-spectaculaire. Car ce qui intéresse la réalisatrice, ce sont les expressions improbables (tantôt frontales, tantôt diffuses) du traumatisme. Ou comment les gestes, les visages ou les lieux du quotidien peuvent engendrer d'indésirables réminiscences. La force du film est de traduire cette réalité avec justesse.
En toute logique, la mise en scène se montre à la fois sensible et sensorielle. L'enjeu est de trouver la bonne distance, c'est-à-dire d'aller au-delà des constats relativement basiques, sans pour autant céder à l'usure compassionnelle. Ally Pankiw pratique une médecine douce-amère, non pas fondée sur des réponses, mais sur le temps et ce qu'il peut apporter (ou non). Et puis, il y a Rachel Sennott. La talentueuse actrice incarne à merveille la multiplicité de son personnage. Tour à tour attachante et contradictoire, Sam n'est ni une bonne ni une mauvaise victime. C'est une victime tout court. À l'aune de cette vérité et des incertitudes qu'elle occasionne, tout mécanisme d'adaptation est naturellement légitime : l'humour autant que la mélancolie, l'action autant que l'immobilité...
Sam fait plus rire, sortie dans les salles le 30 juillet 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Paris, source d’inspiration inépuisable pour le cinéma, se révèle à travers des films qui racontent ses mille visages. Chaque œuvre offre une vision singulière de la capitale, capturant son authenticité, ses sons et ses ambiances.
Revenant aujourd’hui avec ce nouveau film inclassable et redoutablement efficace, nul doute que Alireza Khatami sera enfin considéré à sa juste mesure ; celle d’un grand cinéaste.
Pour leur premier long-métrage, Prïncia Car et Léna Mardi ouvrent une vitrine tendre, drôle et d’une revigorante justesse sur les jeunes « oubliés » des quartiers les moins favorisés de Marseille. Il en ressort une comédie bourrée d’énergie et édifiante.
Quarante-sept ans après un premier film couronné de succès, puis après des décennies d'errements, Superman trouve enfin un cinéaste à sa (dé)mesure.