[critique] La Vérité : Tel est pris qui croyait prendre…

Au Théâtre Édouard VII, Stéphane De Groodt, Sylvie Testud, Clotilde Courau et Stéphane Facco reprennent la pièce de Florian Zeller créée en 2011. Toujours aussi drôle, toujours aussi efficace !
Le mensonge est un pesant fardeau qui exige invention, dissimulation et mémoire. Le personnage central de la pièce de Florian Zeller, que Stéphane De Groodt incarne avec brio, ne croit manquer d’aucune de ces qualités, ce pourquoi il ment. Il trompe prudemment sa femme avec celle de son meilleur ami, réussissant à aménager son emploi du temps pour se réserver quelques cinq à sept hôteliers et plaisants. Mais le menteur a souvent affaire à plus malin que lui ou mieux averti qu’il ne croit : ainsi choit le jouisseur amoral qui, comme toujours le pervers, a intérêt à être le seul à l’être !
Vaudeville hilarant
La pièce de Florian Zeller, créée en 2011 par et pour Pierre Arditi qui y brillait, a connu depuis un succès franc et mondial. Stéphane De Groodt reprend le rôle du menteur à qui tout le monde ment, Clotilde Courau joue sa femme, Sylvie Testud, sa maîtresse, et Stéphane Facco, son meilleur ami, arrosé arroseur de cette plaisante comédie qui, comme le triangle amoureux tragique mais en beaucoup plus drôle, finit par établir la supériorité benoîte de la simplicité maritale. L’égoïsme, la mauvaise foi et l’affolement survolté dont fait montre Stéphane De Groodt sont tordants : on rit très franchement aux répliques spirituelles et aux quiproquos désopilants.
Savoureux cocktail
Un zeste de Pinter pour l’amertume, un grain de Feydeau pour la folie, un poil de Guitry pour gratter les convenances bourgeoises : le cocktail est équilibré et délicieux ! Ladislas Chollat connaît bien le théâtre de Florian Zeller pour avoir monté cinq de ses pièces : sa mise en scène est vive et alerte. Changements de décor à vue – manière de dévoiler le théâtre dans le théâtre, dont on sait bien qu’il est un art du mensonge –, scénographie (William Mordos), lumières (Dimitri Vassiliu) et costumes (Jean-Daniel Vuillermoz) élégants : tout participe à créer une ambiance propice au déploiement de la mécanique du rire, que les comédiens maîtrisent impeccablement. Belle soirée que celle passée en compagnie de ces menteurs !
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