[critique] L'intérêt d'Adam : Un thriller hospitalier en apnée

© Maxence Dedry

Révélée à Cannes avec Un monde (2021), plongée hypersensible dans le phénomène du harcèlement scolaire, la réalisatrice belge Laura Wandel poursuit son exploration des fragilités de l’enfance.

Produite par la société des frères Dardenne, elle revient sur la Croisette avec L’Intérêt d’Adam, qui a ouvert la Semaine de la critique au dernier Festival de Cannes. Le film, ramassé en une heure quinze, se déroule presque entièrement dans un service pédiatrique. La réalisatrice y retrouve la force immersive qui a marqué son premier long-métrage, tout en portant son regard cette fois sur les adultes qui entourent l’enfant.

Un soir, Lucy, infirmière en chef (Léa Drucker), prend en charge Adam (Jules Delsart), 4 ans, hospitalisé pour malnutrition après une décision judiciaire. Convaincue que le salut de l’enfant passe par la coopération avec sa mère (Anamaria Vartolomei), elle autorise celle-ci à prolonger sa visite. Mais la mère refuse de quitter l’hôpital, persuadée de protéger son fils mieux que quiconque. La confrontation se resserre, jusqu’à transformer une nuit ordinaire en affrontement moral où l’avenir de l’enfant est suspendu au fil des choix de Lucy.

Un duo d’actrices magnétique

Avec sa caméra rivée au pas de l’infirmière, Laura Wandel plonge le spectateur dans un huis clos haletant. Les couloirs saturés, la lumière blafarde des néons et l’urgence permanente créent une atmosphère de thriller social. Le film capte les tensions ordinaires de l’hôpital public – manque de moyens, arbitrages sous contrainte – tout en interrogeant le sens du soin : faut-il s’en tenir au protocole ou s’abandonner à la compassion ? La cinéaste installe une dramaturgie sèche et précise, où chaque geste devient une prise de risque et chaque mot une lutte d’influence.

Face à face, Léa Drucker et Anamaria Vartolomei composent un duo magnétique. La première incarne une soignante solide mais traversée de doutes, filmée au plus près dans ses instants de fatigue et d’empathie. La seconde campe une jeune mère instable, oscillant entre amour fusionnel et danger pour son fils, sans jamais basculer dans la caricature. Autour d’Adam, presque silencieux mais bouleversant, se joue un terrible affrontement éthique entre des valeurs semble-t-il inconciliables, et qui laisse le spectateur en apnée. Avec ce second long-métrage, Laura Wandel confirme la puissance de son cinéma social qui interroge avec justesse nos certitudes face à la vulnérabilité des enfants.

L'Intérêt d'Adam, sortie au cinéma le 17 septembre 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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