[critique] The Old Oak : Au nom de l’espérance

© Le Pacte

Sans rien perdre de ses révoltes, partant de l’arrivée de réfugiés syriens dans un village de mineurs sinistré par la mondialisation, le réalisateur britannique choisit, avec son complice Paul Laverty, de mettre l’accent sur le meilleur en l’être humain et tisse un récit sur la solidarité qui fait un bien fou.

Un car de réfugiés syriens s’arrête à Durham, ancien village de mineurs aujourd’hui sinistré. Si T.J. Ballantyne, propriétaire du pub The old Oak, Laura, une bénévole, et quelques habitants les accueillent avec bienveillance, d’autres les voient d’un très mauvais œil, eu égard à leur propre sort. Comme la survie de son établissement tient à ces derniers restés ses seuls clients, la situation de Ballantyne ne tarde pas à devenir intenable. Sur un sujet éminemment sensible, actuel et, hélas, toujours plus exacerbé, Ken Loach et Paul Laverty tissent un film pétri d’humanité interrogeant l’accueil de l’Autre en milieu précarisé.

Un film (testamentaire ?) porté par la grâce de sa foi en l’humain

À 87 ans, via l’accueil de réfugiés syriens, l’infatigable dénonciateur de toutes les injustices retrouve le nord-est de l’Angleterre pour scruter, avec sensibilité, les ravages que la misère suscite dans les esprits : jalousies, frustrations, volonté d’humilier, haine d’un côté et, de l’autre, don de soi, générosité, solidarité. Entre les photos, muettes gardiennes de la mémoire (ici du père de l’héroïne Yara, là de l’histoire du village) et la nourriture, symbole de partage et d’hospitalité, The old Oak, le pub de T.J. Ballantyne, devient la métaphore et l’asile d’un monde disparu (celui des mineurs) confronté à un autre en errance (les migrants), tous deux pareillement victimes d’une souffrance tant collective qu’individuelle.

Sans rien perdre de leurs codes (rester au niveau des individus), Ken Loach et son complice Paul Laverty nous happent le cœur d’entrée pour ne plus le lâcher et éclairer les positions des détracteurs de ces étrangers aussi bien que les actes de leurs bienfaiteurs. Au « je ne suis pas raciste mais… » des uns répond ainsi le « Il faut de la force pour espérer » de Yara. On pense aux films de Frank Capra. Le charisme des interprètes et des gens du cru (choisis par souci d’authenticité, Syriens exceptés) et la caméra toujours à la juste distance nous font entrer en empathie avec l’ensemble des protagonistes tout en nous laissant percevoir leur profonde solitude. On en ressort les larmes aux yeux et le cœur vivifié.

The Old Oak, sortie le 25 octobre 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

Partager cet article sur :

Nos derniers articles

Publié le 1 septembre 2025 [Cinémas]

Un homme, en pleine discorde au téléphone avec sa compagne, cherche la sortie dans un couloir de métro. Étrangement, l’homme se retrouve seul et, à chaque tournant, il revient toujours au même endroit. Que se passe-t-il ? Il découvre alors les règles d’un jeu cruel, le seul moyen d’atteindre la sortie 8.

Mis à jour le 29 août 2025 [Cinémas]

Paris figure parmi les villes les plus filmées au monde avec près de 900 tournages annuels, et fascine cinéastes français et internationaux. Cette sélection présente des lieux de tournage phares, illustrés par des exemples de films, offrant une nouvelle manière de découvrir la ville à travers son histoire cinématographique.

Pour son nouveau long-métrage et au fil d’une intrigue dont la mise en abyme est aussi fascinante que perturbante, Vincent Maël Cardona tisse un huis clos policier tortueux rappelant combien la réalité peut s’avérer plus aléatoire qu’elle y paraît.

Mis à jour le 21 août 2025 [Cinémas]

Présenté en compétition au dernier festival de Cannes, dont il est reparti auréolé du Grand Prix, Valeur sentimentale s’affiche au départ explicitement comme un hommage au cinéma de Bergman.

La newsletter

Chaque mercredi, le meilleur des sorties culturelles à Paris avec L'Officiel des spectacles !