Trois Mille Ans à t'attendre [critique] : les mille et une fables

Trois Mille Ans à t'attendre © Metropolitan FilmExport

Après un retour triomphal dans l'univers post-apocalyptique de Mad Max, George Miller s'essaye au conte romantique avec Trois Mille Ans à t'attendre. Sous ses airs de film naïf et kitsch, ce nouveau projet est une ode à l'imagination, comme on en voit rarement au cinéma.

Cinéaste éclectique, George Miller n'a eu de cesse de jongler entre les genres, allant du cinéma d'action (la saga Mad Max) jusqu'au film d'animation musical (Happy Feet), en passant par la comédie pour enfants (Babe, le cochon dans la ville). Mais si les personnages et les tonalités changent d'un projet à l'autre, son style, lui, reste parfaitement reconnaissable. Pour cause, au fil des œuvres, le réalisateur n'a cessé de démontrer ses qualités de conteur. Présenté hors-compétition au dernier Festival de Cannes, son nouveau long-métrage, Trois Mille Ans à t'attendre, ne déroge pas à la règle, mais il pourrait en déstabiliser plus d'un... Tout commence lorsque la narratologue Alithea Binnie (Tilda Swinton) s'offre une fiole dans un marché d'Istanbul. En la nettoyant, elle libère un Djinn (Idris Elba) qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. Face à la prudence de l'universitaire, le génie décide de lui raconter son histoire, vieille de trois mille ans... Le reste ne sera que surprise(s).

À l'origine des mythes et des récits

Débutant à la manière d'un faux huis clos – la première partie se déroule entre les quatre murs d'une chambre d'hôtel –, le film déploie des récits enchâssés, dont la structure n'est pas sans évoquer Les Mille et Une Nuits. L'occasion pour Miller de revisiter les mythes de différentes civilisations (le royaume de Saba ou encore l'Empire Ottoman). Lors de ces incursions arabisantes, le cinéaste assume une imagerie kitsch aussi riche que déroutante. Entre les effets numériques à foison et la narration naïve, le visionnage pourrait effectivement titiller le cynisme des plus sceptiques. Mais à cette forme singulière, le réalisateur appose un fond d'une grande sensibilité. Le message gagne en limpidité : pour mieux cerner l'univers qui nous entoure, il faut d'abord y croire... et donc revenir aux fondements de l'imagination. Et rien de tel qu'une histoire d'amour – la seconde partie du film – pour cristalliser cette quête. Tour à tour gracieux et maladroit, le résultat demande à être décanté sur la durée. Mais il est une chose indéniable : cette œuvre brûle d'une générosité et d'un optimisme qui se font de plus en plus rares dans le cinéma (hollywoodien).

Trois Mille Ans à t'attendre - Sortie le 24 août 2022 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

Partager cet article sur :

Nos derniers articles

Révélée à Cannes avec Un monde (2021), plongée hypersensible dans le phénomène du harcèlement scolaire, la réalisatrice belge Laura Wandel poursuit son exploration des fragilités de l’enfance.

Pour son deuxième long métrage, la réalisatrice japonaise Chie Hayakawa décline les luttes intérieures et l’imaginaire d’une préadolescente confrontée au deuil annoncé de son père et au manque d’attention de sa mère. Un film d’une sensibilité extrême évitant tout pathos.

Publié le 1 septembre 2025 [Cinémas]

Un homme, en pleine discorde au téléphone avec sa compagne, cherche la sortie dans un couloir de métro. Étrangement, l’homme se retrouve seul et, à chaque tournant, il revient toujours au même endroit. Que se passe-t-il ? Il découvre alors les règles d’un jeu cruel, le seul moyen d’atteindre la sortie 8.

Mis à jour le 29 août 2025 [Cinémas]

Paris figure parmi les villes les plus filmées au monde avec près de 900 tournages annuels, et fascine cinéastes français et internationaux. Cette sélection présente des lieux de tournage phares, illustrés par des exemples de films, offrant une nouvelle manière de découvrir la ville à travers son histoire cinématographique.

La newsletter

Chaque mercredi, le meilleur des sorties culturelles à Paris avec L'Officiel des spectacles !