[critique] Horizon : une saga américaine - Chapitre 1 : La conquête de l'Ouest par Kevin Costner

Entre Kevin Costner et le western, l'histoire d'amour perdure. Plus de 20 ans après Open Range, l'acteur revient à la réalisation avec Horizon, premier chapitre d'une œuvre aussi sincère que démesurée, et dont le classicisme raffiné n'est pas sans évoquer les grandes heures du genre.
L'Ouest américain, 1859. En pleine nuit, le ranch d'une colonie est attaqué par des Apaches. Un drame parmi tant d'autres qui va précipiter l'affrontement entre les indigènes et les colonisateurs... Angoissante et spectaculaire, cette séquence a la lourde tâche d'introduire la nouvelle fresque historique de Kevin Costner. Le projet est ambitieux, pour ne pas dire colossal : Horizon – Chapitre 1 raconte les prémices, le conflit et les séquelles de la Guerre de Sécession, et ce, par le biais de nombreux destins.
D'une durée de trois heures, ce prologue peut rebuter par son ampleur narrative ou par sa lenteur : de nombreux personnages sont introduits et les (sous-)intrigues prolifèrent sans élément apparent de connexion. Mais pour peu qu'ils se laissent aller à la beauté formelle du film, les spectateurs se délecteront d'une épopée à la beauté renversante, mais surtout habitée par une sincérité évidente. À l'image de son auteur. Endossant ici plusieurs casquettes (réalisateur, acteur, scénariste et producteur), Kevin Costner déploie un savoir-faire et une sensibilité exemplaires.
Entre modernité et classicisme
Kevin Costner a le western dans la peau et le démontre à chaque plan. Moderne par endroits, sa réalisation lorgne également vers des formes plus classiques, évoquant alors les cinémas de John Ford, d'Anthony Mann, ou encore de Clint Eastwood. Le geste fascine autant qu'il étourdit : le format 1.85 révèle l'écrasante verticalité des paysages, la puissance des images épouse l'envergure romanesque, et chaque scène est empreinte de symbolisme...
Sur le fond, le long-métrage s'efforce aussi de trouver un juste milieu entre le neuf et l’ancien. Il compense entre autres la présence inéluctable de personnages archétypaux (à commencer par le héros campé par Costner), par une volonté de mettre les deux camps sur un même plan d'égalité. Victimes et bourreaux, colons et autochtones, femmes et hommes : Kevin Costner alterne les points de vue et fait entendre toutes les voix. Si le résultat s'avère imparfait, voire ambivalent, il repose sur une démarche créative ô combien passionnante qui, à n'en pas douter, continuera d'animer les deux chapitres à venir.
Horizon : Une saga américaine Chapitre 1, sortie le 3 juillet 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
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