[critique] Un parfait inconnu : Naissance d'une icône du XXᵉ siècle

© Walt Disney Studios

Après avoir consacré un biopic à Johnny Cash (Walk the Line), James Mangold se penche, avec un talent égal, sur une autre figure de la musique populaire états-unienne, l'immense Bob Dylan.

Bob Dylan, artiste majeur du XXème siècle, dont la pertinence par ailleurs ne s'est pas démentie ces dernières décennies (ses albums Time Out Of Mind et Rough and Rowdy Ways, sortis respectivement en 1997 et 2020, sont d'authentiques chefs-d’œuvre), avait eu droit déjà à une forme de biopic, I'm Not There, signé Todd Haynes. Jamais nommé, il y était incarné, à différents moments de sa vie, et différentes phases de son œuvre, par pas moins de six interprètes (Christian Bale, Heath Ledger, Cate Blanchett...). C'est donc chose entendue : Dylan est affaire d'identité fuyante, qui se dérobe à qui veut la circonscrire.

Qui est-il, ce « parfait inconnu » qui « n'est pas là » ? Les identités multiples de Dylan tendent-elles à l'effacement de celle, supposément unique, de Robert Zimmerman (son nom de naissance) ? Pour répondre à ces questions, Mangold, déjà auteur d'un biopic de haute volée (Walk the Line, consacré à Johnny Cash), et l'un des derniers grands faiseurs de Hollywood (que l'on songe à des réussites aussi diverses que Copland, Logan ou Le Mans 66), a opté quant à lui pour une forme plus traditionnelle, et recruté, dans le premier rôle, le wonder boy Timothée Chalamet.

De la folk à la pop : la révolution Dylan

Adapté de l'ouvrage d'Elijah Wald, Dylan Goes Electric, le film s'attache notamment à un moment-clé de la carrière de Dylan, lorsque celui-ci, héraut de la folk, eut recours en 1965, sur la scène du Newport Folk Festival - sacrilège ! - à des instruments amplifiés et bascula ainsi dans la pop. Une pop qui, alors, put être envisagée par certains comme une musique inauthentique, et comme un simple objet de consommation...

Dans cette histoire d'une trahison qui est aussi une petite révolution, on croisera des figures aussi illustres et essentielles que Woody Guthrie, Alan Lomax, Joan Baez ou encore... Johnny Cash. Le tout, au fil d'un récit dont le classicisme et la lisibilité ne font jamais écran au mystère Dylan, et dans lequel le mythe ne l'emporte jamais tout à fait sur l'humain, mais se nourrit de lui. Avec, en filigrane, cette question passionnante qui, si elle n'est jamais formulée, traverse le film de bout en bout : reconnaît-on immédiatement, en l'écrivant, en l'entendant, une grande chanson ?

Un parfait inconnu, sortie le 29 janvier 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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