Houria [critique] : Retour au corps

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C'est l'histoire d'Houria, jeune Algérienne passionnée, qui, à la suite d'une agression, tente de se reconstruire par la danse. Trois ans après la sensation Papicha, Mounia Meddour signe un retour tout en tendresse et lyrisme.

Au cœur de la « ville blanche », Houria est une jeune femme passionnée de danse. Comme d'autres filles de son âge, elle prépare un diplôme de sport et elle a des rêves. Pour se faire de l'argent, la voilà sur tous les fronts : femme de ménage le jour, elle participe à des paris clandestins la nuit. Mais un soir, elle est violemment agressée par un homme. Blessée à la cheville, elle voit sa carrière de ballerine s'envoler ; traumatisée, elle se mure dans le silence. Rattrapée par son amour pour la danse et exaltée par les femmes qui l'entourent, telles que Sabrina, Halima, ou encore Sonia, Houria entrevoit peu à peu une guérison et une reconstruction...

Trois ans séparent Houria de Papicha, le précédent long-métrage de Mounia Meddour, auréolé des César du premier film et du meilleur espoir féminin. Alors que son prédécesseur inscrivait son histoire dans la décennie noire de l'Algérie, ce nouveau récit s'ancre dans un cadre plus contemporain. Pourtant, sur le papier, les deux œuvres arborent les mêmes motifs : l'émancipation du corps féminin, la solidarité féminine, l'émigration, l'intégrisme religieux, l'importance de la culture... Et au cœur d'un pays où les espoirs et les rêves continuent de se heurter aux carcans d'une société traditionnelle et patriarcale, la réalisatrice réunit à nouveau une galerie de personnages féminins bouleversants et brillamment interprétés.

La liberté par le mouvement et la sororité

À l'instar de Papicha, Houria dresse le portrait d'une héroïne courageuse, mais dessine aussi, en creux, le tableau d'une sororité salvatrice. En effet, la jeune héroïne reconquiert sa liberté, d'abord par le langage corporel (à l'échelle individuelle), puis par l'entraide qui règne au sein d'une communauté de femmes (à l'échelle collective). Entre tendresse et lyrisme, la mise en scène de Mounia Meddour n'a rien perdu de sa générosité, et parvient même à éviter les maladresses formelles d'autrefois. Peut-être moins puissant, mais assurément plus maîtrisé que son prédécesseur, ce nouveau projet vient donc confirmer le regard aiguisé d'une cinéaste à suivre de près. Et il réaffirme, au passage, le talent immense de Lyna Khoudri (Novembre, Haute Couture, Gagarine), flamboyante dans ce rôle sur-mesure et en mouvement perpétuel.

Houria, sortie le 15 mars 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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