Mission : Impossible - The Final Reckoning : Un dernier pour la route

Promettant de boucler les aventures d'Ethan Hunt, The Final Reckoning devrait clore également ce qui apparaît désormais comme la plus brillante franchise d'action de ces trente dernières années.
Longtemps, Tom Cruise et sa co-productrice d'alors, Paula Wagner, ont envisagé Mission : Impossible comme une fabrique de prototypes, invitant, à chaque nouvel opus, un cinéaste différent à venir imprimer sa marque et témoigner des mutations du blockbuster contemporain. Le premier, signé Brian de Palma en 1995, convoquait ainsi le souvenir du Nouvel Hollywood. Le deuxième, confié à John Woo, témoignait, un peu tardivement certes, de l'apport des cinéastes d'action hongkongais aux États-Unis. Avec JJ Abrams, créateur des séries Alias et Lost, le troisième prenait acte de la montée en gamme des showrunners télévisuels. Le quatrième, enfin, validait, via Brad Bird (Ratatouille), l'arrivée au premier plan de cinéastes venus de l'animation. Or, le cinquième opus a vu, en 2015, Christopher McQuarrie prendre durablement les commandes, non seulement de la saga, mais aussi de la carrière de Cruise, avec un cahier des charges clair : orchestrer, en plusieurs étapes (parmi lesquelles le triomphal Top Gun : Maverick, dont il était le co-scénariste), l'interminable baroud d'honneur de celui-ci en héros physique.
L'humain dans la machine
Les adieux se profilant, et le précédent ayant vu disparaître un personnage-clé de la « famille » Hunt, ce huitième épisode, à la durée XXL de 2h51, pourrait bien se charger d'une mélancolie nouvelle. Ne pas s'attendre, pour autant, à ce qu'il en rabatte sur l'humour : aucune autre franchise n'associe, avec une telle aisance, enjeux tragiques, trouvailles burlesques et jeux de masques.
Tout entier mis au service de l'insatiable appétit d'action de son interprète, qui met un point d'honneur à réaliser lui-même certaines de ses cascades, et en cela noue avec son public une relation privilégiée, Mission : Impossible triomphe de la concurrence hollywoodienne pour la même raison que ses héros déjouent systématiquement les complots fomentés par des États hostiles, des officines secrètes ou, ici, une intelligence artificielle. Parce que, dans le paysage d'un blockbuster contemporain aux récits anonymes et aux formes en roue libre, et dans lesquelles le spectaculaire procède pour l'essentiel d'incrustations sur fond vert, il remet au cœur de la machine une donnée essentielle : le facteur humain.
Mission : Impossible - The Final Reckoning, sortie le 21 mai 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Filmé au plus près de ses héroïnes – admirablement incarnées –, le deuxième film de fiction de Konstantin Bojanov (Avé, 2011) porte un regard percutant sur la condition des femmes en Inde. Une dénonciation violente, politique et nécessaire.
Et si votre vie était gérée par votre ange gardien ? Pour sa première réalisation, Vladimir Rodionov mêle, avec tendresse, romantisme et fantastique. Il signe un film efficace, qui fait aussi preuve d'une belle inventivité.
Près de trois ans après Les Crimes du futur, le réalisateur canadien David Cronenberg signe un film cryptique et poétique sur le deuil. À la croisée des genres, Les Linceuls fascine autant qu'il déroute.
Auteur de deux romans remarqués, Mourad Winter fait ses débuts de metteur en scène avec ce film aussi vif et drôle que grave et touchant.