Oppenheimer de Christopher Nolan : La bombe humaine

© Universal Studios. All Rights Reserved.

Avec Oppenheimer, le cinéaste Christopher Nolan s'attaque à un événement traumatique du XXème siècle : la bombe atomique.

La débauche de moyens et la maestria dans le cinéma d'action autant que dans la fresque historique du réalisateur ne semblent dire qu'une chose : ce sera le film de l'été.

Il a fait se replier sur elle-même la ville de Paris dans Inception ; il a bousculé notre rapport au temps tout en explosant (pour de vrai !) un avion de ligne dans Tenet ; il a montré que la guerre est avant tout une bataille sensorielle, un kaléidoscope d'émotions, dans Dunkerque. Christopher Nolan est un cinéaste unique, capable, sur son seul nom, de monter des projets de films grand public et formidablement exigeant, de mêler réflexion et action, le cœur et la technique.

Pour son dernier film, il adapte un livre multi-primé, qui narre par le menu la vie de J. Robert Oppenheimer, physicien américain considéré (injustement ? - il semble que le film se propose d'interroger cette culpabilité d'airain) comme « le père de la bombe atomique ». Le champignon atomique radiographié de sa base jusqu'à son chapeau, comme si Nolan cherchait à reprendre le thème du Dr Frankenstein : qui est responsable du monstre, son créateur ou la société tout entière ?

Un apôtre de la destruction

Plusieurs rumeurs, enflées par les réseaux sociaux, sont apparues à l'orée de la sortie du film, et certaines entretenues par Nolan lui-même : les spectateurs seraient littéralement soufflés par la démonstration technique d'Oppenheimer. Le cinéaste aurait même joué à l'alchimiste et recréé en laboratoire une explosion atomique crédible sans le moindre effet numérique tapageur.

Il faut dire que Nolan, depuis son début de carrière, a toujours eu partie liée avec la notion de destruction : il a d'abord déstructuré ses récits, dans des thrillers tortueux (Memento), avant, avec la trilogie Batman, d'entamer un ballet de la ruine, avec en point d'orgue le savant fou (encore un...) Joker dans The Dark Knight. Pas de surprise, donc, à le voir se saisir de la question atomique, tant ce sujet passionnant contient tout le génie de narrateur de Nolan. La violence technique face à l'impuissance de l'homme qui cherche à la dompter : nul doute que le spectateur sentira, à travers l'écran, le souffle de ce rapport de force, entre fascination et répulsion.

Oppenheimer, sortie le 19 juillet 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

Partager cet article sur :

Nos derniers articles

Une jeune publicitaire et ses collègues se retrouvent prisonniers d'une boucle temporelle. Sous ses airs de petit film, Comme un lundi crée la surprise : Ryo Takebayashi tire profit de sa structure narrative pour épingler habilement la vie de bureau et ses répercussions aliénantes.

Adaptation libre de la série L'Homme qui tombe à pic, The Fall Guy réussit brillamment à dépasser son statut de blockbuster. Derrière les explosions et le sensationnel, le long-métrage, adoubé par Steven Spielberg, est surtout un hommage aux cascadeurs professionnels avec une touche agréable de comédie romantique.

Première affaire s’attaque à la question passionnante des considérations morales qui animent une avocate débutante, et de la candeur dont elle doit nécessairement se défaire pour se tailler une place dans ce monde brutal.

Corse, 2017 : une surveillante pénitentiaire se retrouve mêlée à un double assassinat. Inspiré d'un fait divers, le nouveau film de Stéphane Demoustier joue la carte de l'austérité et de la sobriété. Le résultat ? Un drame soigné et ambigu, remarquablement interprété par Hafsia Herzi.

Newsletter

Chaque mercredi, le meilleur des sorties culturelles à Paris.