[critique] Renfield : La revanche du sbire

Le monstre le plus célèbre des studios Universal reprend des sévices sous les traits du non moins monstrueux Nicolas Cage, acteur de la démesure à l’excentricité légendaire.

Mais cette fois, l’histoire se déroule de nos jours, et ce n’est pas Dracula qui tient la vedette mais son serviteur Renfield...

Fatigué de se plier en quatre pour un maître si peu reconnaissant, le « familier » du Comte entend se racheter une conduite, et se mettre au service d’une cause plus noble que celle de fournir des proies à son insatiable patron… Très lointainement inspirées de l’œuvre de Bram Stoker, ces nouvelles aventures de l’increvable vampire, ou plutôt celles de son homme à tout faire, s’ancrent en réalité bien davantage dans le passé cinématographique des deux personnages.

Ainsi, dès les premières images du film, on retrouve des scènes issues du Dracula (1931) de Tod Browning, mais avec Nicolas Cage et Nicholas Hoult remplaçant, par la magie des effets numériques, les acteurs du film d’origine : Bela Lugosi et Dwight Frye. On retrouve d’ailleurs l’influence de Lugosi, comme celles de Christopher Lee ou Gary Oldman (qui incarnèrent également le rôle), dans le style de jeu comme dans le look de Nicolas Cage, qui compose ici un vampire aussi drôle que terrifiant, avec un plaisir communicatif. Car Renfield est une comédie. Particulièrement sanguinolente et horrifique, mais une comédie tout de même. On retrouve en effet, au début du film, le serviteur de Dracula dans un groupe de parole destiné aux victimes de pervers narcissiques…

Le vampire, métaphore des relations toxiques

Voyant désormais clair dans sa situation, Renfield va tenter de se détacher de l’emprise de son maître, tout en tâchant de faire le bien grâce aux pouvoirs que lui donne le fait d’être à son service. Action et horreur grand-guignolesque sont au rendez-vous, mais pas seulement. Un personnage de policière vient apporter une dimension humaine et touchante au film, par ailleurs très amusant. L’actrice qui l’incarne, Awkwafina, dont on avait déjà pu apprécier le charisme et la gouaille dans L’Adieu (2020), est une véritable révélation. Son jeu énergique, son timing comique et sa capacité à alterner colère noire et douceur conviennent à merveille à son personnage de policière dure-à-cuire. Renfield est certes très gore, mais c’est un gore grotesque sans véritable violence et destiné à faire rire. Finalement, l’essentiel du film n’est pas dans son outrance, mais dans son invite à nous libérer des Narcisse…

Renfield, sortie le 31 mai 2023 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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