[critique] The Phoenician Scheme : Espionnage en famille

À 56 ans, Wes Anderson, cinéaste au style inimitable, revient avec The Phoenician Scheme, qui succède à un cycle de courts-métrages autour des écrits de Roald Dahl, disponible sur Netflix.
Le maître du décalage et de la composition visuelle signe une œuvre à la fois familière et étonnamment structurée. Le film s’impose comme un sommet de burlesque maîtrisé, porté par la présence magnétique de Benicio del Toro, qui trouve ici son plus grand rôle comique.
Zsa-Zsa Korda (Benicio del Toro) est un excentrique magnat de l’armement et de l’aviation. Après avoir survécu à six crashs aériens et élevé neuf fils, ce patriarche intrépide désigne sa fille unique, Liesl (Mia Threapleton), devenue nonne, à la tête de son empire. Ce choix audacieux attise les convoitises de puissants adversaires, déterminés à faire capoter son ambitieux « plan phénicien ». Accompagné de sa progéniture au caractère bien trempé et d’un fidèle précepteur (Michael Cera), Korda embarque alors dans un périple mouvementé pour sauver son entreprise familiale tout en recréant les liens du cœur.
Wes Anderson renouvelle son univers
Avec The Phoenician Scheme, Wes Anderson s’aventure dans un film d’espionnage extravagant sans rien perdre de sa patte singulière. Pour la première fois depuis ses débuts, le cinéaste américain s’éloigne de son fidèle directeur de la photographie, Robert Yeoman, pour confier sa précieuse esthétique aux mains expertes de Bruno Delbonnel, le chef opérateur d’œuvres aussi visuellement marquantes que Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet) ou Inside Llewyn Davis (les frères Coen). Cette collaboration inédite insuffle une nouvelle vision, plus dynamique, à l’univers si reconnaissable du réalisateur, sans jamais trahir sa signature visuelle.
Sous la surface colorée et le rythme enlevé de cette aventure rocambolesque, le réalisateur aborde en filigrane la question de l’héritage. Charismatique en patriarche aussi tyrannique que touchant, Benicio del Toro s’impose dans ce rôle hors normes. Face à lui, la jeune Mia Threapleton, révélation pleine de grâce, apporte candeur et détermination à son personnage de nonne héritière. La galerie de seconds rôles, fidèle à l’univers andersonien, complète ce tableau réjouissant : notamment Tom Hanks, Benedict Cumberbatch, Scarlett Johansson… et le nouveau de la bande, Michael Cera. Tous semblent s’amuser dans ce ballet de trahisons, où l’absurde côtoie la tendresse.
The Phoenician Scheme, sortie le 28 mai 2025 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France
Partager cet article sur :
Nos derniers articles
Promettant de boucler les aventures d'Ethan Hunt, The Final Reckoning devrait clore également ce qui apparaît désormais comme la plus brillante franchise d'action de ces trente dernières années.
Filmé au plus près de ses héroïnes – admirablement incarnées –, le deuxième film de fiction de Konstantin Bojanov (Avé, 2011) porte un regard percutant sur la condition des femmes en Inde. Une dénonciation violente, politique et nécessaire.
Et si votre vie était gérée par votre ange gardien ? Pour sa première réalisation, Vladimir Rodionov mêle, avec tendresse, romantisme et fantastique. Il signe un film efficace, qui fait aussi preuve d'une belle inventivité.
Près de trois ans après Les Crimes du futur, le réalisateur canadien David Cronenberg signe un film cryptique et poétique sur le deuil. À la croisée des genres, Les Linceuls fascine autant qu'il déroute.