Le Parfum vert [critique] : Quand Hergé rencontre Hitchcock...

© Diaphana

Un comédien et une dessinatrice de bande-dessinée enquêtent sur un crime mystérieux, sur fond de complotisme et de judéité. Trois ans après Alice et le maire, Nicolas Pariser signe une comédie ludique où les genres et les références se marient allègrement.

La Comédie-Française. En pleine représentation, un comédien s'effondre devant un public médusé. Avant de mourir, il murmure à l'oreille de son partenaire Martin (Vincent Lacoste) les trois mots suivants : « Le Parfum vert ». Soupçonné par la police, Martin se retrouve aussi aux prises avec un collectionneur de bandes-dessinées qui l'interroge avant de le relâcher. Errant dans la capitale, et vraisemblablement surveillé, le comédien fait alors la rencontre de Claire (Sandrine Kiberlain), une dessinatrice un brin téméraire. Cherchant à fuir son quotidien et une mère envahissante, celle-ci décide de le suivre.

De Paris à Budapest, en passant par Bruxelles, ce tandem d'espions, parfaitement improvisé, se lance dans une enquête qu'un certain Alfred Hitchcock n'aurait pas reniée, tant les clins d’œil et les hommages à son cinéma paraissent évidents et assumés (on pense à La Mort aux trousses, à L’Homme qui en savait trop, mais aussi à Une femme disparaît). De son ambiance noire jusqu'à son récit en mouvement perpétuel, le nouveau film de Nicolas Pariser pastiche volontairement les grandes heures du cinéaste américain, mais il s'aventure également sur le terrain de la bande-dessinée franco-belge (Hergé, pour ne citer qu'un exemple).

Énergie comique vs noirceur diffuse

D'abord incongrue, la superposition des références et des genres finit par charmer. Et ceci, grâce à une mise en scène ludique et subtile. Mais l'autre réussite du Parfum vert tient autant à son impeccable et charismatique duo d'acteurs qu'à sa progression narrative pour le moins surprenante. De la comédie politique au thriller d'espionnage, de la romance à la paranoïa, la seconde partie navigue entre légèreté et noirceur.

En effet, à mesure que l'enquête progresse, les héros vont se découvrir un point commun : des origines ashkénazes. Et donc, une histoire familiale tragique. Un peu plus tard, voilà les héros embarqués dans un train en direction de Budapest. S'il se fait le lieu d'une concrétisation amoureuse, le convoi évoque avant tout les traumatismes de l'Histoire. Là encore, le changement de ton, quelque peu abrupt, peut déstabiliser, mais Nicolas Pariser tient toujours la barre grâce à son approche iconoclaste et son écriture riche en sous-texte.

Le Parfum vert, sortie le 21 décembre 2022 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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