[critique] La Petite Vadrouille : La croisière s'amuse

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Bruno Podalydès signe une nouvelle comédie tendre et savoureuse, entouré de ses comédiens fétiches auxquels se joignent deux nouvelles et brillantes recrues, Daniel Auteuil et Dimitri Doré.

Justine, Sandra, Albin, Jocelyn, Rosine et Caramel ont besoin d’argent. Lorsque Franck donne à Justine, son employée, 14 000 euros pour lui organiser un week-end romantique avec sa nouvelle conquête, les six amis voient cette singulière mission comme une aventure très lucrative. Bruno Podalydès signe une nouvelle comédie tendre et savoureuse, entouré de ses comédiens fétiches auxquels se joignent deux nouvelles et brillantes recrues, Daniel Auteuil et Dimitri Doré.

Le titre du film est bien évidemment un clin d’œil à La Grande Vadrouille de Gérard Oury. Mais ici pas de course-poursuite avec de féroces Nazis, seulement une placide croisière sur des canaux menée par des sexagénaires désargentés et pleins d’imagination.

Dans cette échappée qui tient plus du parc d’attraction que du Maquis, Bruno Podalydès creuse une veine comique singulière qui repose sur les petits détails de notre société adepte de la vitesse. Le réalisateur des Deux Alfred tire le potentiel comique de chaque situation et les emmène dans les directions drolatiques les plus inattendues sans s’écarter totalement d’une veine réaliste. Bruno Podalydès est fidèle à ses acteurs et, sans parler de son frère Denis qui campe un mari jaloux très touchant, on retrouve une nouvelle fois Sandrine Kiberlain, Florence Muller, Jean-Noël Brouté, Isabelle Candelier, tous formidables. Daniel Auteuil, nouveau venu dans la bande, semble comme un poisson dans l’eau dans cet univers burlesque et donne à son personnage de riche homme d’entreprise une savoureuse espièglerie. Dimitri Doré, quant à lui, interprète un personnage naïf et maladroit bien loin du jeune homme torturé de Bruno Reidal. Podalydès croque, tel un bédéiste, chaque personnage avec humour et profondeur.

Si tout est fini alors tout est permis

La Petite Vadrouille, sous ses airs de comédie légère, n’est pas dépourvu d’un certain esprit caustique. L’argent est au cœur du récit et des relations entre les personnages ; en arrière-plan, le film met en place une satire sociale qui le rapproche d’un film comme Effacer l’historique de Kervern et Delépine. Mais contrairement au duo grolandais, Podalydès laisse à ses personnages la possibilité d’un avenir heureux : ils jouent, avec le risque de tout perdre… sauf l’espoir de tout gagner. Ses personnages sont peut-être mus par l’appât du gain, mais Bruno Podalydès, lui, nous offre un film d’une grande générosité.

La Petite Vadrouille, sortie le 5 juin 2024 : toutes les séances à Paris et en Île-de-France

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